[Hrp: ce Rp solo se situe trois mois avant l'arrivée de Juha sur Mercenary, juste après sa rencontre avec Heranos. Je précise que les quelques mots en ce qui concerne un vol clandestin ne sont là que par soucis de cohérence, vu que j'ai acheté ma capsule après l'arrivée de mon personnage sur Mercenary...]

Ayant loupé la navette qui devait le mener jusqu'à Mercenary, l'actuelle capitale de l'univers, Juha s'était résigné à partir à l'aventure, histoire de collecter des informations sur le prochain vaisseau de fret susceptible de l'accueillir dans sa soute, en clandestin. Ce qui était d'ailleurs assez compliqué: il fallait que les marchandises soient suffisamment fragiles pour bénéficier d'un système d'air conditionné minimal, que les cartons soient suffisamment grands pour qu'il puisse se dissimuler, et enfin, qu'il y ait de l'espace disponible. Le commerce inter-stellaire de la terre était encore peu répandu, ce qui restreignait encore les possibilités... en désespoir de cause, le fauve avait bien essayé de chercher du travail, mais les humains semblaient peu enclins à embaucher de façon honnête une créature quadrupède proche du chien ou du loup...
Il avait bien réussi à glaner quelques sous de-ci de-là, mais de là à avoir assez pour une capsule qui lui garantirait d'arriver à bon port...
Prenant les choses du bon côté, Juha en avait profité pour glaner quelques livres qu'il ne pouvait se procurer sur Oblivio: des dialogues de Platon, des fragments anciens, et, chose presque nouvelle pour lui, des auteurs modernes. Ces derniers avaient tendance à se focaliser sur des notions telles que la vie, la conscience, et l'humanité telle qu'elle apparaissait à l'observateur. Le fauve passait des heures et des heures oisives, partagées entre l'étude plus ou moins studieuse, les bagarres provoquées délibérément, les courses poursuite et la recherche d'endroits pour dormir. Étant chasseur et ayant pris soin de choisir une ville proche de la campagne en tant que quartier général, l'oblivien n'avait fort heureusement nul soucis à se faire en ce qui concernait la nourriture.

Un jour qu'il traquait le lapin, en attendant les nouvelles de l'un de ses récents contacts, il eût la surprise de percevoir une étrange odeur, un peu suave, légèrement farineuse, agréable en tous points. Aux aguets, il en oublia sa proie, et, prêtant une attention renouvelée à ce qui l'entourait, se mit à la recherche de la source du parfum qui l'intriguait tant. Il ne tarda pas à la découvrir, au pied d'un chêne vigoureux. N'ayant jamais vu cela auparavant, il en demeura sidéré, avant de rire joyeusement de lui même, se roulant sur le sol couvert de feuilles, tout émerveillé qu'il était. Il s'agissait d'un grand champignon, au pied impressionnant et au large chapeau brun. Juha en avait entendu parler dans les livres et certaines histoires, mais n'en avait jamais vu ni mangé, ces espèces ne poussant pas sur sa planète d'origine.
Avec des précautions infinies, il le cueilli, le huma, et le fourra dans un sac à dos dont il avait récemment fait l'acquisition. Après quoi, tous les sens en éveil, il se remit en route. La passion l'avait saisie, il voulait absolument en découvrir davantage.
Au cours de l'après-midi, il rencontra de petits spécimens, qu'il préféra laisser en place. De belles russules rouges, qu'il recracha après les avoir goûtées tant elles avaient un goût atroce. D'autres bolets, rouges, bruns, crème, et jaunes, lui tombèrent également sous la patte. C'étaient d'ailleurs ceux-ci qu'il recherchait le plus, leur saveur étant plaisante. En outre, chacun réservait une surprise. Il en avait même cueilli un qui devenait bleu lorsqu'il le grattait de ses griffes !

Cependant la journée passait, et, plongé dans sa recherche, son attention au moment présent, il ne vit pas venir la nuit. Ce ne fût que lorsque l'obscurité fût totale qu'il se rendit compte qu'il avait quitté le sentier et qu'il ne savait absolument pas où il se trouvait, et comment sortir de la forêt.
Une angoisse légère s'empara de lui, mais un sentiment d'euphorie demeurait ancré en son cœur. La concentration qu'il avait maintenue toute la journée lui livrait tout son profit. Il sentait en lui des mécanismes dont il ignorait jusqu'alors l'existence. C'était comme s'il pouvait, en cette heure, réaliser n'importe quoi en ce qui concernait son corps. D'ailleurs...

-Bon sang ! Le moment serait venu !

Faisant glisser son sac au sol, Juha ferma les yeux, et focalisa son attention sur sa morphologie. Son peuple possédait une étonnante capacité de métamorphose, chose qu'il avait été incapable de développer jusqu'alors. Cette capacité était pourvue d'une multitude d'avantages: d'abord, l'acquisition de la première forme, qui variait en fonction des individus, marquait le temps de leur passage à l'âge adulte; ensuite, les métamorphoses offraient des possibilités diverses, comme celle de se tenir debout sur deux pattes au lieu de quatre, de voler, ou même de séduire les membres d'une autre race que la sienne propre; enfin, étant le reflet d'un certain niveau de maîtrise sur soi, elles procuraient un bonus de force et de vitesse lorsqu'elles étaient activées.
Et il était enfin sur le point de faire le premier pas ! Enfin ! Fidèle à lui-même, il avait été très patient, malgré son retard net, mais à présent, l'excitation prenait le dessus.

Il se contrôla cependant suffisamment pour ne pas perdre les pédales. A plusieurs reprises, il inspira et expira profondément, avant de localiser à l'intérieur de lui-même les points qui semblaient destinés à contenir du ki, en vue d'une transformation du corps. Souhaitant prendre forme humaine avant tout, le fauve passa et repassa une image de bipède dans son esprit, la modelant petit à petit à son image. Lorsque le moment lui sembla être venu, il relâcha doucement son énergie, et fit ce que son corps venait de lui indiquer.
La sensation fut grandiose. Faisant tout pour contrôler au mieux ce qui était en train de se passer, il ne pût s'empêcher de s'abandonner un peu dans l'étonnement de sentir ses os prendre une forme différente, ses muscles se relâcher à certains endroits et se densifier à d'autres.
Au moment où il crût perdre conscience, il se rendit compte qu'il était assis dans l'herbe, d'une manière au combien nouvelle ! Ses pattes arrières s'étiraient en de longues jambes, tandis que celles de l'avant étaient devenue de solides bras, prolongée d'une main curieusement velue... Velue ?!
Un peu trop brusquement, l'oblivien se releva, et tomba à la renverse. Il lui faudrait un peu d'entraînement pour s'habituer à cette nouvelle manière de marcher...

-Par Zeus, et par le père qui m'a vu naître ! Qu'est-ce que c'est que cette fourrure ?

Parcourant son corps à tâtons de ses mains sensibles, Juha ne tarda pas à se rendre compte qu'il ne ressemblait absolument pas à un être humain dans cette forme. Il avait conservé son visage de loup, ainsi que sa longue crinière. Derrière lui, devinant les émotions qui l'animait, sa queue s'était enflammée, projetant des ondes de lumière bleutée. Il avait gagné la possibilité de se mettre debout, ainsi que des membres presque humains, bien que prolongés des griffes habituelles.
Le fauve soupira. Son père avait séduit sa mère avec une forme humaine parfaite. Lui-même semblait encore loin du compte... il n'était pas si aisé d'adopter une certaine silhouette sans faire d'erreur. Les prochaines fois, il tenterait de s'attaquer à des choses moins ambitieuses, comme lui aurait recommandé son géniteur, ainsi même que, à une autre échelle, Platon. Avant d'entrer dans une connaissance de l'être pur, mieux valait se détacher du sensible par des procédés plus grossiers. Ici, le procédé était du même genre.

Ne désespérant pas de retrouver sa route, il se mit en chemin sans changer de direction. Sa station bipède le rendait fou, tant il mit du temps à apprendre à courir vite avec. Il n'était de plus guère habitué à sa taille, et se prenait une branche basse sur deux en plein visage. Essoufflé, le pelage souillé et copieusement fatigué, il parvint à retrouver son chemin au petit matin. Lorsqu'il s'endormit, il repris naturellement son aspect naturel.

L'après-midi, il s'entraîna encore un peu, de façon à pouvoir se transformer rapidement, en quelques secondes seulement. Sous sa forme bipède, il avait beau courir moins vite, ses coups lui paraissaient plus puissants, plus précis. Il avait également la possibilité de bloquer des coups, ce qui lui était pratiquement impossible sous sa forme d'origine. En situation d'agression sérieuse, tout cela pourrait lui être bien utile...

Une nouvelle nuit s'annonçait à l'horizon, lorsqu'il se décida enfin à retourner en ville pour retrouver son informateur, qui avait une heureuse nouvelle à lui communiquer: il allait enfin pouvoir quitter la terre !


[Hrp : Ah oui, et si vous trouvez ce Rp suffisamment bien foutu, je demande un bonus ]

Juha 97 lignes 9700 XP 4850 zénies 7000 de bonus.