Objectif néant

Date d'inscription : 26/08/2010

Mes yeux demeuraient ouverts et lucides, fixant le plafond morne de ma capsule. Miku, qui était parti peu avant que je n'entame ma mission n'était toujours pas revenu. Ma prime reçue, j'étais montée dans mon véhicule, l'avait allumé et laissé voguer dans l'espace, sans donner d'indications. Je le laissais voler à travers l'univers, sans but précis. Il faut dire que je n'étais pas au mieux de ma forme. Une fois montée dans ma capsule, je m'étais à nouveau retrouvée seule. J'appréciais toutefois la solitude, mais elle se mit à peser sur mes épaules, provoquant une douleur que je n'avais alors jusque là jamais ressentie. J'avais ouvert le coffre de ma capsule pour y déposer une liasse de billets, mais il était déjà plein. Il devait y avoir à peu près 150.000 zenies, de quoi vivre aisément pendant au moins cinq bonnes années. Je laissai tomber ma liasse de billet par terre. Cet argent, à quoi me servait-il? Cela faisait plusieurs fois que l'on m'engageait pour tuer, et je faisais ça pour l'argent. Je me disais que cela me servirait à... Je me laissai tomber à genoux. Je ne m'étais jamais posé la question. Tous ces contrats ne me plaisaient pas, obéir aux ordres de quelqu'un ne me plaisait pas, tuer des gens que je ne connais pas pour de l'argent ne me plaisait pas. Je me rendis compte que ce n'était qu'un passe-temps, et que je me convainquais moi-même de l'utilité de ces contrats par les futiles liasses de billets qu'ils apportaient. Rien. Je n'avais aucun but dans la vie. Cette vie de vagabondage ne m'allait pas. Une pensée me traversa alors l'esprit: j'aperçus le visage de mon oncle, Evan. Il semblait me regarder. "Vis! Vis pour moi!" Ces personnes que, sous sa volonté, j'avais tuées. Je ne pensais pas que cela était un pur hasard. Ce serait ça, mon but? Une simple marionnette? Et que me voulait-il encore, que je devienne encore plus fort pour écraser ceux qui l'ont précédé? Je sentais dans mes veines, ce sang qui coulait. Je sentais sa présence. Il était là. Je ne saurais l'expliquer comment, mais je le sentais. Je fus prise d'un atroce mal de crâne et dus me retenir de pousser un cri de douleur. Cet homme, mon oncle... Il voulait que je déverse toute sa haine dans l'univers! Et tandis que cette idée et ce désir semblait s'implanter en moi, me martelant le crâne, des idées morbides me transperçaient de part et d'autre. Puis je poussai finalement un cri de rage. Elle allait me submerger. Evan était là, je le sentais. Pas sous sa forme charnelle, mais d'une manière plus subtile... Il essayer d'entrer en communication avec moi depuis l'au-delà. Je sortis mon pistolet, le leva et l'air, et, alors que tous membres étaient si tendus qu'un rien les feraient exploser, j'appuyai sur la gâchette. Trois coups partirent, et transpercèrent le toit de ma capsule. Une alarme s'enclencha et me fit brusquement revenir à la réalité, une réalité beaucoup plus concrète. Il était parti. Mais pour combien de temps? Ma capsule, sur laquelle je n'avais plus aucun contrôle allait s'écraser sur un astéroïde. Je n'avais qu'à sortir de là et me réfugier dans l'endroit habitable le plus proche. Pour quoi faire? Je voudrais me poser, et cesser toutes ces questions existentielles. Ce ne serait pas une forme de renoncement, simplement un choix. Mais je savais qu'au fond de moi je n'en avais pas envie. Alors, qu'est-ce que je voulais? Un éclair. L'alarme de ma capsule commençait à me vriller les tympans. Allant de plus en plus vite, le crash serait terrible. Mais tout était désormais très clair dans mon esprit. Ma seule raison de vivre serait de suivre les traces de mon oncle, mais cela ne me plait pas. Je n'ai alors aucune raison de vivre. Je braquai mon pistolet sur la tempe, fermait les yeux et tirai.

***

"Elle s'est enfin réveillée! Mademoiselle, vous m'entendez?"

J'avais un mal de crâne atroce. Oui, oui, je t'entendais, pauvre con. Mais je n'avais pas la force de te répondre. Ma bouche était comme scellée. Doucement, doucement. Mes yeux s'ouvrirent. Tout d'abord, une lumière aveuglante. Mes yeux se refermèrent. Totalement désorientée, je ne savais pas ou j'étais. Je les rouvris une nouvelle fois, très peu ouverts, le temps de m'accommoder à la lumière. Le blanc lumineux qui m'aveuglait commença à prendre forme. Des traits se dessinèrent petit à petit. Un médecin, qui me regardait. Je voulus me lever, mais je n'en avais pas la force. Bordel, comment étais-je arrivée ici? Je tentai de me remémorer les derniers évènements, mais c'était le flou total. J'avais l'impression d'avoir eu le crâne transpercé. Puis, à nouveau, je sentis la fatigue m'emporter. Mes yeux se refermèrent, doucement, tout comme ils s'étaient ouverts. Je n'eus pas la force de prononcer un mot. Je ne savais pas ce que je faisais dans un hôpital, et je m'en foutais. Pour l'instant, j'avais juste envie de refermer mes yeux. Les garder ouverts était trop épuisant...

***

Tout m'étais revenu. La capsule qui allait s'écraser, le désespoir que je ressentais lorsque je pointai mon pistolet sur ma tempe. Je me souvenais ensuite d'un bruit sourd. Et c'était tout. Je me souvenais de m'être déjà réveillée une fois pour m'endormir quelques secondes après. Combien de temps cela faisait-il? Je n'en savais rien. Depuis combien de temps même avais-je tenté de me suicider? Aucune idée. Je ne savais même pas si j'étais morte ou vivante. J'ouvris les yeux, doucement, pour leur laisser le temps de s'accommoder à la lumière. Cette fois-ci, j'avais assez de forces pour parler, et même pour bouger la tête. Oh joie! Et quand pourrais-je à nouveau gambader à 100 à l'heure dans des falaises escarpées? Pourrais-je au moins le refaire? J'entendis la voix d'un médecin.

"Ah, vous êtes enfin réveillée! Vous aviez ouvert les yeux il y a une semaine, mais vous n'étiez que dans un état de demi-conscience. Vous m'entendez? Vous pouvez me parler?
-Ou... Ou suis-je?
-Ah, je suis rassuré! Vous êtes sur la station spatiale que vous avez sauvé des pirates il y a peu de temps. Après votre tentative de suicide, vous êtes restée dans le coma pendant plus de trois mois. Heureusement, des patrouilleurs qui passaient dans le coin ont intercepté votre capsule qui allait s'écraser, et vous ont ramené ici en un rien de temps. Vous avez eu de la chance d'avoir survécu.
-De la chance? J'ai tenté de me suicider, imbécile, et, alors que j'ai loupé mon coup, vous me parler de chance? Vous vous foutez de ma gueule?"

Le docteur ne répondit pas. Il réajusta ses lunettes, ne sachant que dire après cette réponse. Au moins, il pouvait constater que j'avais repris pleinement mes esprits. Il pouvait aussi constater que ce n'était pas avec moi qu'il sympathiserait. Il déglutit, puis repris d'un ton plus calme. Il parlait lentement, faisant attention à ses mots? Il ne voulait pas que je l'envoie se faire foutre une nouvelle fois. Ça se comprenait.

"Du fait de votre constitution physique très solide, vous serez totalement rétablie d'ici un mois ou deux. La rééducation ne devrait prendre qu'une semaine. Si vous avez survécu, c'est du à votre peau. Alors qu'à partir de la distance ou vous tiriez -l'arme n'était séparé du cerveau que par la peau- votre cerveau aurait du être réduit en miettes. Cependant, votre peau a agi comme un bouclier, et a, malgré une petite épaisseur, ralenti la balle. Au final, c'est comme si quelqu'un vous tirait dessus à une cinquantaine de mètres et que vous n'aviez pas une peau aussi résistante. Donc, la balle s'est logée dans le cerveau, mais n'en a pas touché les parties les plus sensibles. Nous avons réussi à retirer la balle, et votre cerveau devrait fonctionner normalement désormais. Ah, et quelqu'un voudrait vous voir."

J'entendis le docteur partir. Je n'avais pas encore vu son visage, car je n'avais pas encore bouger la tête. Chaque chose en son temps, cela viendrait. Les pas du docteur s'éloignèrent, puis ce furent ceux d'une autre personne qui s'approchèrent. D'après les bruits de pas, ce devait être quelqu'un de grand et baraqué. Lorsque j'entendis sa voix, je me rendis compte que je ne m'étais pas trompé. Je me fis cette réflexion avec un certain amusement. C'était Miku:

"Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça?
-Si tu me suis, c'est parce que tu veilles à ce que je ne suive pas le même chemin qu'Evan, c'est ça? Figure-toi qu'on s'est rencontré. Enfin, pas directement, mais... En fait, j'avais trois cartes dans les mains. Une qui me proposait de suivre le chemin de mon oncle -tout sauf ça- et une autre qui me proposait une vie sans but. Alors j'ai choisi la troisième carte: joker...
-Cela veut dire qu'Evan, même dans l'au-delà, continue d'exister... Hyaku, si Evan entre en communication avec toi, par quelque moyen que ce soit, ce sera une occasion de l'éliminer définitivement. Je veux détruire l'être humain qu'il était, je veux que son esprit et sa conscience disparaisse. On ne doit pas laisser un tel monstre continuer à exister, qu'il soit mort ou non! Ne veux-tu pas suivre cet objectif? Tu as senti son poids, non? Tu as senti que cette bête était le mal incarné! Je veux le détruire! Et j'ai besoin de toi pour ça, Hyaku.
-Tu veux donc m'utiliser? Miku... Je réussissais enfin à lever ma tête, doucement. Je pus alors le voir: la détermination pointait dans son regard. Je soupirai Soit."

***

Voilà ce que j'étais et ce que je devais faire. Quelques semaines étaient passées depuis cette discussion. J'étais totalement rétablie physiquement, mais psychologiquement, je n'avais toujours pas écarté toutes mes idées morbides. Me flinguer, là, tout de suite, maintenant. Et cette fois en prenant soin de ne pas me rater. Mais non, quelqu'un ne voulait pas. Je devais servir à détruire définitivement mon oncle... Je n'étais rien de plus que celle qui permettait à Evan d'apparaitre dans ce monde, de je ne sais quelle manière. Cette réalité m'insupportai. Je me mis dans une petite ruelle. Un homme arriva; il avait l'air d'un homme d'affaires. Je lui avais donné rendez-vous il y avait une heure. Il avait un petit sourire en coin de bouche. Il sortit quelque chose de sa poche.

"Directement importé de la terre. C'est rare que l'on fasse pousser ce genre de choses sur sa planète d'origine. Tenez, voilà de l'opium..."

Date d'inscription : 08/08/2010

115 lignes

11 500 XP

5 750 zénies

Date d'inscription : 08/08/2010

Scénario : 5 500 / 7 500
Originalité : 6 000 / 7 500
Style : 4 000 / 7 500
Orthographe : 4 000 / 7 500

Ce qui nous fait un total de... 19 500 XP de bonus !

Contenu sponsorisé