Panzu s'était fait oublier des terriens pour un long moment... Il n'était pas bon de s'acharner sur eux en permanence, cela nuisait fortement à leur procréation et risquait même d'annihiler la race... Il fallait éviter de se montrer trop gourmand, bien que la soif de la Lame soit sans fin. Panzu évoluait ainsi au milieu des décombres, ne se souciant que d'arracher la vie sauvagement pour entretenir la sienne. Même si il ne contrôlait plus réellement son envie de tuer, il concédait volontiers ce plaisir à son épée, car c'était elle qui lui offrait sa puissance. Panzu faisait tournoyer l'épée mystique dans ses mains, alléché par la présence d'une proie... Non, de plusieurs. Encore un attroupement de stupides humains, sans le moindre doute. Il leva sa main vers le ciel tout en accélérant le pas, et son cheval se manifesta en traversant le sol tel une apparition enflammée. D'un bond, il se retrouva sur le dos de la bête satanique et s'élança sur la trace de l'énergie qu'il avait ressenti plus tôt, mais ce sur quoi il tomba l'étonna grandement. Un campement d'humains certes, mais bien mieux équipés que l'étaient la plupart de ces misérables insectes. Panzu, de loin, reconnut un cyborg aux bras parcours d'excroissances lumineuses, qui portait à bout de bras de lourdes charges. Tandis qu'un énorme robot, piloté de l'intérieur, s'affairait à protéger le camp, à l'affut. Les capteurs de la machine s'affolèrent lorsqu'il distingua une forme sombre, au loin, et un signal d'alarme retentit immédiatement.

"Aux armes !"

Déjà les fourmis se jetaient sur leurs fusils d'assaut en vue d'arrêter le squelette en armure qui fonçait droit sur eux en faisant tournoyer son épée, son rire maléfique se mêlait au bruit des sabots de sa monture, afin d'annoncer son arrivée de façon plus explicite, il propulsa une sphère d'énergie sur la machine de guerre qui s'effondra dans un assourdissant fracas. Le cheval prit appui sur la carcasse fumante du robot, s'envola dans les airs et disparut aussitôt, laissant son cavalier atterrir brutalement sur le sol. Panzu déploya une vague d'énergie, espérant ainsi calciner la plupart des humains, mais cela n'eut pour effet que de les faire voltiger contre les parois de leurs habitations. Etonné par la qualité de ces armures de fortune, Panzu se décida pour une alternative bien plus violente. Il se dirigea vers l'un des guerriers équipé d'un fusil-mitrailleur, faisant tournoyer furieusement sa lame pour dévier les projectiles et lorsque l'homme eut besoin de recharger, il en profita pour envoyer un Rayon des Abysses en direction de son adversaire, qui se changea immédiatement en cendres. Le visage osseux du squelette fut déformé par un rictus, avant qu'un violent coup de poing ne lui déboite sa mâchoire. Panzu recula, sonné, la partie inférieure de sa bouche ne tenant plus que par la partie gauche. D'un mouvement de tête, il la remboita comme par magie, fit craquer ses vertèbres et se tourna vers le cyborg qui venait de décocher le fameux assaut. La lame de Panzu s'enflamma instantanément, en même temps que ses yeux, et il commença à attaquer sa proie, enchaînant cette dernière en fendant l'air de sa lame. Lorsque l'épée maudite touchait les bras de l'homme-machine, qu'il avait maladroitement replié sur son visage pour se protéger, les câbles remplaçant ses muscles se mirent à se découper, dévoilant ses faiblesses. Lorsque le liquide qui s'écoulait dans ses veines se répandit sur le sol, Panzu profita de l'ouverture pour lui planter l'épée d'estoc au niveau de la cage thoracique, le fit passer par dessus lui et lui écrasa le crâne contre le sol. Suite à quoi, il libéra son épée et le trancha verticalement en deux, avant de passer au suivant. Il commença à se dire que cela allait s'avérer plus simple que prévu, lorsqu'un missile le percuta en plein ventre, se fichant ainsi dans ses côtes. Panzu fut projeté en arrière, se rattrapa sur ses pieds en soulevant un nuage de poussière et releva la tête, hors de lui. Son nouvel adversaire n'était autre que la machine géante, mesurant près de quinze mètres. Le pilote actionna une commande et une voix amplifiée par un appareil lui envoya sèchement :

"Bouffe-moi ça, saloperie de sorcier, tu m'en diras des nouvelles !"

Contre toute attente, le missile se réactiva, venant décoller Panzu du sol, et le fit ainsi voler dans les airs pendant quelques instants, avant de l'écraser contre une paroi de pierre dans une explosion surpuissante. Mais le Majin déchu était loin d'en avoir fini, il s'élança en dehors du nuage de fumée, lame en avant, sur le bouclier de la bête mécanique. Un coup précis détruisit la protection holographique dans un bruit de court-circuit d'une intensité rare et Panzu tenta d'enfoncer l'épée au niveau du cockpit, au travers de la vitre renforcée. Une main mécanique démesurée le balaya d'un geste, et il se retrouva au sol. Pendant ce temps-là, Panzu essuyait toujours des tirs groupés de la majorité des soldats, et commença à redouter que le pire arrive. Il poussa un hurlement sauvage, sa lame grandit de quelques centimètres en s'affinant par la même occasion et il fut enveloppé par un nuage de fumée noire et épaisse, avant d'en ressortir métamorphosé. Sans laisser le temps au pilote d'évaluer le danger potentiel de ce changement de forme, il se téléporte à l'intérieur du cockpit, à la surprise du pauvre homme qui se met à hurler, et lui tranche la tête en riant comme un forcené. Suite à quoi, il dépose un Canon Infernal sur les genoux du cadavre et disparait dans un second nuage. Lorsqu'il claque des doigts tout en réapparaissant, il est déjà trop tard. Le robot explose subitement dans une symphonie d'éclairs de feu et s'écrase une seconde fois, pour de bon cette fois-ci. Panzu éclate d'un rire machiavélique tout en déviant les balles par sa simple aura. Certaines parviennent néanmoins à le toucher, il se doit d'en finir rapidement. Pourquoi tant de rage pour la simple joie d'une épée aliénée ?

Le squelette eut à peine le temps de lever les yeux, qu'une gigantesque roquette s'écrasa sur lui, suivie par deux autres du même gabarit. Les humains avaient de la ressource, en ce jour plein de surprises, des ressources insuffisantes pour monter un régiment, mais visiblement assez puissantes pour réduire à néant un Serviteur des Tombes. Le Majin, enfoncé dans le sol sur près d'une dizaine de mètres et siégeant en plein milieu d'un cratère béant, sentit ses forces l'abandonner. Il retrouva sa forme initiale tandis que les humains se regroupaient autour de lui, et ses yeux de braise s'éteignirent. Etait-ce réellement la fin pour lui ? Non, son Seigneur avait des projets d'ordres bien supérieurs pour lui, et il refusait d'admettre la mort de son champion. Panzu fut relevé par une force mystique, et il poussa un cri animal tandis que sa voix se modifiait, devenant plus sombre, plus grave, plus saisissante. Une lumière rouge apparut là où se trouvait quelques secondes plutôt le squelette, et un vortex gigantesque balaya la poussière tout autour de lui. Lorsque les flammes disparurent, il était devenu un autre.

Une armure l'enveloppait intégralement, masquant son corps de squelette sous des tonnes d'acier bleuté tout droit venu d'une autre dimension, son épée devenue gigantesque comportait désormais un oeil et lui-même avait encore doublé de volume, mesurant près de trois mètres. Il s'observa, surtout sa nouvelle main gigantesque, une excroissance démoniaque ornée de pointes et terminée par trois énormes doigts crochus. Il leva les yeux, fort de cette nouvelle puissance, et ricana sous son masque de fer. Levant son épée au ciel sous les regards effrayés de ses adversaires humains, il en appela au pouvoir des ténèbres et concentra un immense orage rougeoyant au dessus de sa tête, des éclairs de feu le parcoururent dans de démoniaques craquements. La première météore toucha le sol, désintégrant sur place un groupe de guerriers tandis que d'autres en recevaient un autre. Au beau milieu de cet apocalypse, le chevalier rabaissa son arme et sortit de son trou, l'épée sur l'épaule, fier de sa propre force. Les serviteurs de Kuja n'en avaient plus pour longtemps, à en juger par son exceptionnel gain d'énergie. Le carnage continuait de croitre, détruisant tout et tout le monde autour du paladin des enfers et ce dernier quitta les liens, les âmes des défunts pénétrant sa lame à la manière d'un essaim fluorescent.

Le campement n'était plus que ruines, et Panzu se réjouissait déjà des atrocités qu'il commettrait par la suite. A chaque pas qu'il faisait, des flammes apparaissaient sur le sol pourtant composé de terre et de pierre, et son aura fantomatique grandissait autour de sa personne. Le monstre était en marche...