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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Lun 24 Aoû - 14:56 | |
| -La tour restera en place, dit Kim. Jarlax en a décidé ainsi. Dans l’enceinte de la forteresse, la bataille s’est déroulée sans que personne, dehors, ne se doute de quelque chose. Et Dallabad est toujours en mesure de fonctionner.
-Fonctionner, répéta Ray en crachant presque ce terme répugnant.
Ray jeta un coup d’œil peu amène à Tephanis, qui entrait avec lui dans la tour de cristal. A l’évidence, il considérait l’humain comme coupable des événements du jour. Au moindre pépin, il l’en tiendrait pour responsable.
-Bregan sera amené à devenir un poste de péage, dans ce cas ?
-Dallabad sera plus profitable que vous l’imaginez, répondit Tephanis dans un démoniaque approximatif. En ce qui concerne les autres, nous garderons l’oasis à l’écart de la guilde Basadoni. Les alliés que nous y placerons surveilleront la région et réuniront des informations bien avant ceux de Portocal. Nous lancerons d’ici nombre de nos opérations, loin des espions du pacha Daclan.
-Et qui sont les alliés de confiance appelés à servir de couverture à Bregan ? Demanda Ray. J’avais envisagé d’envoyer Domo.
-Domo et sa foutue engeance ne quitteront pas les égouts, dit Sharlot Vespyr.
-Ils se plaisent trop dans leur trou, maugréa Tephanis.
-Jarlax a suggéré que les survivants de Dallabad suffiraient, répondit Kim. De fait, ils sont assez nombreux.
-Une alliance avec un clan conquit…, soupira Ray en secouant la tête. Dont nous avons précipité la chute…
-Une situation très différente d’une alliance avec une maison déchue de l’Abime…, souligna Tephanis.
Ray voyait les choses par la lentille noire de l’Abime, ramenant tout aux querelles séculaires qui divisaient les familles et les clans.
-Nous verons, répondit le magicien, faisant signe au tueur de rester à l’écart avec lui.
Kim, Baenre et Sharlot gravirent l’escalier qui conduisait au second niveau de la tour magique.
-Je sais que vous aviez des raisons personnelles d’attaquer Dallabad, ajouta Ray quand Tephanis et lui furent seuls. Peut-être pour vous venger ou vous approprier le gantelet et l’épée que vous portez maintenant… quoi qu’il en soit, n’allez pas imaginer que je suis dupe.
-Dallabad est un morceau de choix, répondit le tueur sans céder un pouce de terrain. Ici, Jarlax gardera sa tour de cristal sans le moindre souci. Nous tous avions intérêt à cette conquête.
-Même Tephanis Aukrion…, fit remarquer Ray.
Le tueur dégaina la Griffe de Charon qui battait son flanc et la présenta à l’horizontale, pour une inspection. LE magicien put admirer son fini et sa beauté. La fine lame rouge sang au tranchant redoutable s’ornait de gravures : de petits personnages encapuchonnés et de grandes faux ensanglantées. Tephanis écart les doigts pour que Ray voie le pommeau en forme de crâne et la garde, des vertèbres blanchies courant jusqu’aux quillons de façon à constituer une épine dorsale et une cage thoracique. Les quillons évoquaient un pelvis aux jambes assez recourbées pour offrir une bonne prise à l’escrimeur. L’ensemble, pommeau, garde et quillons, était d’une parfaite blancheur. A l’exception des orbites vides du crâne-pommeau : noires un instant, rouges le suivant.
-Mon trésor me plaît, admit Tephanis.
Ray contempla l’épée, mais il ne put s’empêcher de tourner son regard sur l’autre objet, pourtant d’une importance apparemment moindre : Le gantelet noir cousu de fil rouge que portait Tephanis.
-Ces armes sont davantage une plaie qu’une bénédiction, humain, déclara le sorcier. Leur arrogance déteint souvent sur leur propriétaire. Avec des résultats fâcheux.
Le démon et l’humain se défièrent du regard. Puis Tephanis sourit en rapprochant l’épée du magicien, opposant ainsi la menace à la menace.
-Quel bout aimeriez-vous sentir ?
Ray plissa ses yeux noirs, puis il se détourna et s’éloigna. Tephanis continua à sourire en le regardant gravir les marches, mais en vérité, l’avertissement du démon avait touché une corde sensible. La Griffe de Charon avait une volonté d’acier, le tueur en faisait déjà l’expérience. S’il n’y prenait pas garde, l’épée l’entrainerait à son tour à sa perte, après avoir causé celle de Kohrez Soulin. Avec humilité, Tephanis se rappela qu’il ne fallait surtout jamais toucher l’arme ensorcelée à main nue. Après l’horrible fin de Kohrez Soulin, la peau et la chair du crane grillées, toutes les précautions s’imposaient.
-Shinibon domine facilement les survivants, annonça peu après Jarlax à ses conseillers réunis dans la salle d’audience qu’il avait aménagée au second niveau de la tour magique.
-Pour les observateurs étrangers, la conquête apparaîtra comme une simple révolution au sein de la famille Soulin suivie par une alliance privilégiée avec la maison Basadoni.
-Dania a accepté de rester ? Demanda Ray.
-Même avant que Shinibon investisse ses pensées, elle était disposée à succéder à son père, répondit Jarlax.
-La loyauté…, ironisa Tephanis.
-Je commence à mieux apprécier cette jeune femme, admit Ray malgré le ton moqueur de l’assassin.
-Mais pouvons-nous lui faire confiance ? Lança Kim.
-Me faites-vous confiance ? Riposta Sharlot Vespyr. La situation est identique.
-Excepté que son maître de clan était aussi son père, rappela Kim.
-Il n’y a rien à craindre de Dania Soulin ou de n’importe quel autre survivant, dit Jarlax, coupant court à ce débat philosophique. Ces gens appartiennent désormais à Shinibon et Shinibon m’appartient.
Tephanis remarqua le scepticisme qui passa furtivement sur le visage de Ray. Et, à vrai dire, lui aussi était dubitatif. Qui appartenait à qui, au fond ? Le mercenaire se berçait peut-être d’illusions.
-Les soldats de Kohrez Soulin ne nous trahiront pas, continua-t-il avec assurance. D’ailleurs, ils ne se souviendront de rien et accepteront notre version des faits si nous le décidons. A présent, l’oasis Dallabad appartient à Bregan aussi sûrement que si nous y avions implanté une armée de démons.
-Et vous seriez prêt à confier le commandement à la fille dont on vient de tuer le père ? Lança Kim, il ne s’agissait pas vraiment d’une question.
-Il a été victime de son obsession pour l’épée magique. Dania elle-même me l’a dit.
Tous les regards convergèrent vers l’arme qui battait le flanc de Tephanis. D’un regard, Ray répéta ses avertissements au tueur. Le magicien pensait que ces avertissements représenteraient une menace pour Tephanis, que cela lui rappellerait que lui, Ray, surveillerait désormais de plus près ses moindres faits et gestes, qu’il était convaincu que l’humain avait utilisé Bregan à des fins personnelles. Une manœuvre des plus dangereuses.
-Ca ne vous plait pas ? Lança Kim à Ray quand tous deux furent de retour à Portocal.
Jarlax était resté à l’oasis Dallabad pour régler les derniers détails et suggérer à Dania un petit changement de direction dans ses affaires.
-Comment pourrais-je l’apprécier ? Grogna Ray. Chaque jour, nos raisons d’être venus à la surface du monde semblent se multiplier. J’avais cru que nous serions vite de retour en Abime. Mais nos empreintes continuent à durcir sur la pierre.
-Sur le sable, rectifia Kim.
A son ton, lui non plus n’était pas ravi de la politique expansionniste de Bregan. A l’origine, Jarlax avait exposé ses plans : venir à la surface implanter une base d’opérations avec un personnel essentiellement humain. Ces agents indigènes serviraient de couverture aux transactions des mercenaires démons. Sans donner de détails, Jarlax avait semblé suggérer que l’incurion au soleil seraut de courte durée. Juste le temps de mettre les choses en place. Qu’en était-il, dans les faits ? Après l’érection d’une tour, Jarlax ajoutait une seconde base au territoire des Basadoni. Et il ne paraissait pas disposé à s’arrêter en si bon chemin. Pis encore, aux yeux des deux démons, l’attitude changeante de leur chef cachait quelque chose. Jarlax n’avait peut-être pas été si bien inspiré de prendre au renégat Den une certaine relique.
-Notre chef parait se plaire ici…, continua Kim. Nous le savions tous fatigué des luttes incessantes d’Abime, mais nous avons peut-être sous-estimé son degré de lassitude.
-Peut-être. Ou notre ami a juste besoin d’un petit rappel : ce monde n’est pas le nôtre.
Kim le regarda. Comment le magicien se proposait-il de rappeler quoi que ce soit au grand Jarlax ?
-Commençons par les bords, répondit Ray à cette question muette.
Il se faisait l’écho d’un adage de Jarlax sur une des tactiques de prédilection de Bregan. Chaque fois qu’il était question d’infiltration ou de conquête, les démons commençaient par miner les bords du camp adverse, fuyant toute offensive frontale. Ils investissaient le périmètre visé et grignotaient du terrain tout en resserrant l’étau.
-Orok a-t-il enfin livré les bijoux ?
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Lun 24 Aoû - 15:21 | |
| C’était sous ses yeux, dans toute sa cruelle splendeur. Les paumes moites, Tephanis Aukrion contemplait la Griffe de Charon. Une partie de lui aurait voulu prendre l’épée et en finir tout de suite. Imposer sa volonté à l’arme dotée d’une conscience. S’il remportait le duel, la Griffe lui appartiendrait vraiment. S’il perdait, il se rappelait très bien la fin atroce du misérable Kohrez Soulin. C’était ce genre de vie pathétique qui poussait le tueur à jouer le tout pour le tout. Il refusait de suivre le même chemin que Soulin. Tephanis Aukrion ne serait pas prisonnier de l’épée, un homme enfermé dans une boîte de sa propre confection. Non, il serait le maître ou il mourrait. Sa volonté et son courage mobilisés, Tephanis allait saisir la Griffe de Charon quand il entendit des bruits, dans le couloir. Gantelet aussitôt mis pour empoigner l’épée, il la rengaina à l’instant où s’ouvrait la porte de ses appartements privés, si tant est qu’on ait pu considérer comme privée la chambre d’un humain égaré au milieu de démons.
-Venez, ordonna Kim Oblod.
Tephanis ne bougea pas. Le démon, qui allait repartir sans attendre, pivota, l’air intrigué. Sur son beau visage anguleux, la curiosité céda vite le pas à la menace.
-Vous avez maintenant une arme formidable qui va de pair avec votre dague…N’ayez crainte. Ray et moi ne sous-estimons pas la valeur du gantelet qui semble ne plus quitter votre main droite. Nous connaissons ses pouvoirs, Tephanis Aukrion, et nous savons comment les maîtriser.
Le tuer dévisagea le psionique. Du bluff ? Ou l’ingénieux magicien et son acolyte avaient-ils vraiment trouvé une parade contre le gantelet ? Tephanis eut un sourire en coin. Dans l’immédiat, le secret auquel Kim faisait allusion lui servirait peu. Grâce au gantelet, l’humain pouvait s’opposer aux pouvoirs de son adversaire et le poignarder. Si le démon y vit matière à s’inquiéter, il le cacha bien. Mais Tephanis aussi savait ne rien laisser paraître de ses sentiments.
-Il y a du travail, à Luss, remarqua Kim. Notre ami Orok n’a toujours pas livré les bijoux.
-Je dois rejouer les pigeons voyageurs ? Demanda Tephanis d’un ton sarcastique.
-Il n’y aura plus de message, répondit froidement Kim. Orok a échoué.
La brutalité de la déclaration choqua profondément le tueur. Il réussit à ne pas se trahir le temps que le démon tourne les talons et s’éloigne de nouveau. L’assassin avait clairement saisi l’allusion, naturellement : Kim venait de lui demander de se rendre à Luss et de tuer Orok. Quoi d’étonnant, au fond, puisque le bougre ne répondait pas aux critères d’excellence de Bregan ? Mais que Jarlax soit si prompt à se priver du seul lien existant avec un marché aussi prometteur que Luss, en revanche, avait de quoi surprendre. Surtout sans exiger la moindre explication de la part d’Orok. Ces derniers temps, Jarlax avait un comportement déroutant. Mais à ce point ? Emboîtant le pas à Kim, Tephanis se demanda si ce meurtre programmé était vraiment de la volonté de Jarlax. En entrant dans une petite pièce à la suite du psionique, ses appréhensions se confirmèrent. Seul Ray s’y trouvait.
-Orok nous a encore déçus, annonça le magicien de but en blanc. Pas question de lui redonner une chance. Il en sait trop sur nous. Et son manque de loyauté, que pourrions-nous faire d’autre ? Aller à Luss l’éliminer. Une mission de routine. Peu nous importe les joyaux. S’il les a, dépensez-les comme vous voudrez pourvu que vous me rapportiez sa tête.
Le démon s’écarta du portail magique qu’il venait d’invoquer. L’intérieur, aux contours brouillés, montrait une allée, derrière le bâtiment où habitait Orok.
-Avant de traverser, vous devrez enlever votre gantelet, dit Kim.
Tephanis se demanda si tout cela était une ruse concocté par les deux démons pour le prendre en défaut. Naturellement, en chemin, il avait examiné cette possibilité. Loin d’obtempérer, il franchit le portail en ricanant. Et se retrouva instantanément à Luss. Il se retourna pour voir le portail s’estomper derrière lui. L’expression de Kim et de Ray allait de la perplexité contrariée à la duplicité. Goguenard, Tephanis leur fit signe de sa main gantelée avant qu’ils disparaissent. Les démons se demandaient comment, en si peu de temps, il pouvait exercer un si grand emprise sur l’artefact anti-magie. Ils tentaient d’évaluer son pouvoir et ses limites, des choses dont Tephanis n’avait pas encore fait le tour. Et il n’irait certes pas partager ses connaissances avec Kim ou Ray. Il avait donc, comme avec Soulin, troqué le vrai gantelet contre une imitation. S’enfonçant dans la ruelle, il reprit l’article authentique et rangea la copie au fond du petit sac qui pendait à son ceinturon, dans le dos et dissimulé par sa cape. Il se rendit d’abord chez Orok, et celui-ci, découvrit-il vite, n’avait pas ajouté de pièges ou de serrures à sa porte d’entrée. Plutôt surprenant. Le petit voleur aurait pourtant dû s’attendre à d’autres visites désagréables, puisqu’il continuait à fâcher ses employeurs. Plus étonnant encore, l’animal n’avait pas changé d’air. Refusant de se contenter de l’attendre dans un coin, Tephanis alla en ville faire la tournée des bars. D’un regard noir, il dissuadait les mendiants de l’approcher. Un voleur à la tire prétendit couper les cordons de sa bourse, sur son flanc droit. Tephanis le laissa recroquevillé dans le caniveau, le poignet entaillé. Plus tard, estimant qu’Orok avait dû rentrer chez lui, le tueur descendit dans un établissement quasi désert de a rue de la Demi-Lune appelé Le Couteau. Le robuste tenancier astiquait son comptoir en bavardant avec un petit homme gringalet. Un type, parmi les rares clients encore présents, attira l’attention du nouveau venu. Confortablement installé à l’extrémité gauche du comptoir, dos au mur et capuchon tiré sur les cheveux, il paraissait assoupi à en juger par sa respiration lente, la position de ses épaules dodelinement de sa tête. Mais certains détails ne trompaient pas. Par exemple, le bonhomme inclinait le cou selon un certain angle, de façon à garder une vue d’ensemble sur la salle. Tephanis n’était pas dupe. Surtout que l’autre se raidit en le voyant arriver. Le tueur s’installa à côté du gringalet, soudain nerveux, qui lâcha.
-Rumn a fini son service.
Tephanis le jaugea d’un regard avant de se retourner vers le gailalrd qui nettoyait le comptoir.
-Mon argent n’est pas assez bon pour vous ? Demanda-t-il à l’aubergiste en se tournant vers l’homme corpulent qui se tenait derrière le bar.
Le robuste tenacier prit le temps d’évaluer Tephanis. Et du respect s’afficha dans ses yeux. Comme tant d’autres de sa confrérie, le tenancier survivait avant tout grâce à son art de juger les gens. Avec ses mouvements gracieux et fluides, sans parler de son calme inébranlable, Tephanis Aukrion ne faisait pas mystère de sa profession. Le prétendu dormeur et le gringalet agité ne firent aucun commentaire.
-Jos ramenait sa fraise, voilà tout ! dit Rumn. Même si j’avais compté fermer tôt…La clientèle se fait désirer, ce soir.
Tephanis se tourna sur sa gauche, vers l’homme affalé au bout du comptoir.
-Deux bières, commanda-t-il en jetant sur le comptoir vingt Zénis, soit dix fois le prix.
Sans plus prêter attention à Rumn ou à Jos, le gringalet qui ne cessait de remuer sur sa droite, il se concentra sur le dormeur. Quand Jos lui demanda son nom, il fit la sourde oreille, occupé à se remémorer tout ce qu’il savait d’Orok. Il reprit sa position initiale lorsqu’il entendit le bruit caractéristique des chopes sur le comptoir. Il prit la première de la main droite, qu’il porta à ses lèvres, et la seconde de la gauche pour la pousser de façon à ce qu’elle achève sa course au bout du comptoir, sur les genoux du dormeur. Le tenancier cria de surprise. Jos bondit sur ses pieds et, sous le regard amusé de Tephanis, Orok réagit en rattrapant à temps la chope projectile avant qu’elle se renverse. Descendu de son tabouret, Tephanis fit signe à Orok de l’accompagner dehors. Sodain, il se retourna pour voir Jos sur le point de le prendre par un bras.
-Pas question de filer avec les chopes d’Rumn ! Déclara le gringalet.
Tephanis plongea son regard dans celui du petit homme. Sans un mot, il lui fit comprendre un détail : s’il l’effleurait, il le paierait de sa vie.
-Non…
La voix de Jos mourut. Pétrifié, il recula contre le comptoir.
-L’argent devrait amplement vous dédommager ! Lança Tephanis à l’aubergiste décontenancé. |
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Lun 24 Aoû - 15:21 | |
| Avant de sortir, entendre le tenancier tancer vertement le petit homme à cause de sa stupidité lui plut. Il faisait noir. Sur ses gardes, Orok n’en menait pas large.
-J’ai les bijoux ! Se hâta-t-il de préciser.
Il prit la direction de son appartement, et Tephanis le suivit. La première chose que fit le voleur, dans son appartement, fut de lui tendre une grosse bourse, Orok avait certainement rempli les attentes de son maître. Mais pourquoi diable avait-il gardé les bijoux jusqu’à maintenant sans prévenir personne ? Il connaissait pourtant la nature brutale de ses associés ! Il n’était pas idiot à ce point.
-Je me demandais quand on me recontacterait, dit Orok qui s’efforçait manifestement de paraître calme. Je les ai récupérés juste après votre départ, mais Ray et Kim ne se sont plus manifestés.
Guère surpris, Tephanis hocha la tête. On parlait de démons, après tout. Ils tuaient pour un oui ou pour un non. Chaque fois que l’envie les en prenait. Avaient-ils chargé Tephanis de régler son compte à Orok avec l’espoir que le voleur se révélerait trop coriace ? Au fond, ils devaient se moquer éperdument de qui pourrait ou vivrait. Du moment qu’il y avait du spectacle. A moins que les deux démons veuillent saper les bases de Bregan dans le nouveau monde. Tuer Orok et ceux de son acabit, couper les ponts et revenir au bercail. Levant son gantelet noir, Tephanis sonda les lieux en quête d’émanations magiques. Il en détecta sur la personne d’Orok ainsi que quelques objets d’ordres mineurs, dans la pièce. Mais rien qui ressemble de près ou de loin à un sortilège de scrutation. Contra l magie de divination, il n’aurait pas eu de recours. Il avait déjà constaté que le gantelet neutralisait les seuls sorts spécifiquement dirigés contre lui. A l’usage, l’artefact était limité. Tephanis pourrait capter un des éclairs magiques de Ray et le lui renvoyer à la face, mais si le magicien décochait une boule de feu.
-Que faites-vous ? Demanda le voleur.
-Sortez d’ici, lui ordonna Tephanis. Quittez cet édifice et fuyez la ville. Au moins pour quelque temps.
Orok, stupéfait, le regarda fixement.
-Vous m’entendez ?
-C’est un ordre de Jarlax ? Demanda Orok d’un air perplexe. Pense-t-il que j’ai été repéré et qu’il risquerait d’être percé à jour ?
-Je vous répète de ficher le camp, Orok ! Moi, pas Jarlax et encore moins Ray et Kim.
-Je vous fais de l’ombre ? J’entrave votre ascension au sein du clan ?
-Etes-vous bête à ce point ?
-On m’a promis une fortune ! Protesta Orok. La seule raison pour laquelle j’ai accepté de…
-…C’est que vous n’aviez pas le choix ! L’interrompit Tephanis. Je le sais. Et c’est peut_être la seule chose qui vous sauve maintenant.
Troublé, Orok secoua la tête.
-Luss est mon foyer.
Dans un éclair rouge et noir, Tephanis abattit la Griffe de Charon de part et d’autre du voleur avant de cisailler l’air à un cheveu de son front. Les trois mouvements laissèrent une traînée cendreuse qui emprisonna Orok dans une boîte aux parois opaques. Etourdi par une telle rapidité, le voleur n’avait pas eu le temps de dégainer son arme.
-Je ne suis pas venu prendre les joyaux, imbécile, ni même vous remonter les bretelles ! Lança Tephanis, glacial. On m’a envoyé vous tuer.
-Mais…
-Vous n’avez aucune idée de ce que vous risquez ! Poursuivit l’assassin. Fuyez ! Cet endroit, cette ville ! Courez loin d’ici si vous voulez vivre, pauvre idiot ! S’ils ne vous retrouvent pas facilement, ils ne se préoccuperont plus de vous. Vous n’en valez pas la peine. Alors, du vent ! Qu’ils ne vous voient plus. Et priez pour être débarrassé d’eux.
Coincé entre les parois de cendres en suspension, Orok en resta bouche bée. Déglutissant avec peine, il regarda à droite et à gauche, soudain conscient d’être écrasé par l’adversité. Après la dernière visite du tueur venu sans peine à bout de ses sécurités, il avait fallu cette brutale démonstration d’escrime pour le convaincre.
-Pourquoi voudraient-ils…? Je suis les yeux de Bragan au nord, un allié…Jarlax en personne m’a donné instruction de…
Tephanis ricana.
-Vous êtes humain. Un rebut. Puisque vous n’êtes pas des leurs, les démons vous considéreront toujours comme un jouet…Et ils vous tueront. N’en doutez pas. Sur leur ordre, je suis venu vous régler votre compte.
-Pourtant, vous osez désobéir…
Orok ne savait toujours pas que croire.
-Vous pensez qu’on a voulu mettre votre loyauté à l’épreuve ? Devina Tephanis. Il secoua la tête. Les démons ne s’attendent à aucune loyauté. Pourquoi perdraient-ils du temps à tester ce qui n’existe pas ? Pour eux, seule la peur rend les gens et leurs actes prévisibles.
-En me permettant de fuir, vous vous montre pourtant déloyal. Nous ne sommes pas amis, aucune dette ne nous lie et nous avons fort peu de contact…Pourquoi me prévenez-vous ?
Frappé par l’illogisme qu’Orok venait de souligner, Tephanis y réfléchit plus intensément que le voleur l’aurait cru. En l’occurrence, en effet, ses actes ne répondaient à aucune logique. Il aurait dû régler l’affaire en vitesse et retourner à Portocal. Sans états d’âme. S’il laissait Orok fuir, qu’en retirerait-il ? Et en vertu de quel raisonnement optait-il pour cette subite clémence ? Pourquoi maintenant ? Tephanis Aukrion avait tant versé le sang, au cours de sa vie. Souvent dans des circonstances analogues, sur ordre d’un maître de clan désireux de châtier une impudence ou d’éliminer des subalternes. Il avait éliminé tellement de gens pour des motifs qui lui étaient inconnus. Des gens sans doute semblables à Orok, et qui n’avaient en réalité rien fait de mal. Non ! A cette idée, le tueur se rebiffa. Aucun innocent n’était tombé sous ses coups, uniquement des marginaux, des hors-la-loi ou des redresseurs de torts embarqué dans de mauvais plans, des gêneurs. Même Den, ce paladin à la peau noire, s’était posé en ennemi de Tephanis Aukrion en l’empêchant de récupérer le rubis sur le cadavre de Regiss. Cet imbécile de petit homme avait eu le front de voler le pacha Mas ! Il avait fallu des mois, mais pour Tephanis, tuer Den avait mis fin aux interférences immorales du démon. La froide logique autant que son cœur le soufflaient au tueur : tous ceux qui étaient morts sous ses coups avaient renoncé à l’innocence en cherchant le pouvoir ou la fortune. A ses yeux, tous avaient mérité leur sort. Tephanis était le modèle même du survivant dans un jeu brutal qui n’admettait aucune faiblesse, aucun faux pas. Il ne pouvait en aller autrement.
-Pourquoi ? Redemanda Orok, l’arrachant à sa rêverie.
Après l’avoir regardé, Tephanis offrit la réponse la plus simple à une question trop complexe. Une réponse exprimant une vérité plus profonde que le tueur lui-même le réalisa.
-Parce que je hais les démons davantage encore que les humains. |
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Lun 24 Aoû - 15:27 | |
| 183 lignes soit 18300 points d'xp et 9150 Zénis |
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Mer 26 Aoû - 11:47 | |
| Ce soir là, le Cuivre Ante bruissait d’activité. Les gamins se pressaient autour des tables, jouant aux osselets et à divers jeux de hasard tout en parlant à voix basse des récents événemetns. Personne n’osait hausser le ton à cause de la présence de deux personnages centraux de ces tumultueuses affaires. Sharlot Vespyr sentait peser sur elle de nombreux regards. Ceux des alliés secrets de son cavalier de la soirée. Elle avait failli décliner l’invitation de Tephanis à venir le retrouver en douce dans cet établissement, le territoire d’Aelynda Winter. Mais le Cuivre Ante avait l’avantage insigne d’échapper à la surveillance de Kim et de Ray. Une condition nécessaire à tout entretien, avait rappelé Tephanis.
-Je n’arrive pas à croire que vous arpentiez les rues de Portocal avec cette épée à votre flanc, dit la jeune femme à mi-voix.
-Elle est assez voyante, admit le tueur sans paraître s’émouvoir le moins du monde.
-Et très connue, renchérit Sharlot. Quiconque connaissait Kohrez Soulin et l’oasis Dallabad sait qu’il ne s’en serait jamais séparé de plein gré. Et vous voilà à l’exhiber partout ! Si ce n’est pas la preuve que la maison Basadoni a tout à voir avec la chute de Dallabad…
-Ah, vraiment ? Fit le tueur, amusé d’exaspérer sa compagne.
-Kohrez est mort et, surprise ! Tephanis Aukrion porte son épée.
-Il est mort, donc l’épée ne lui sert plus à rien, lui fit remarqué Tephanis d’un ton désinvolte. La populace croit que sa fille l’a tué histoire d’accélérer la succession, et surtout d’échapper à l’emprise diabolique de la Griffe de Charon.
-Pour qu’elle tombe entre les mains de Tephanis ? S’écria Sharlot, incrédule.
-Le refus de Kohrez d’accepter une somme ridiculement élevée aurait précipité sa chute…Quand Dania a appris que son géniteur avait osé cracher sur cette petite fortune…
-Impossible ! Soupira la jeune femme en secouant la tête. Vous croyez vraiment que les gens goberont ça ?
-Les mensonges d’Indis Fantur sont souvent acceptés comme argent comptant. Quelques jours seulement avant le drame, Indis avait transmis à Soulin une offre d’achat.
Le front plissé, Sharlot s’enfonça dans son siège et digéra ces informations. Dans la rue, on racontait que Kohrez avait été victime d’une révolution de palais. Et grâce à l’emprise qu’il exerçait, avec Shinibon, sur les défenseurs survivants, Jarlax alimentait savamment la rumeur. Tant que la domination du morceau de cristal ne se démentirait pas, rien n’irait trahir le secret des démons. Si Tephanis parlait franchement, et Sharlot n’avait aucune raison d’en douter, le refus de Kohrez de céder l’épée ensorcelée serait vu comme la cause de sa chute. Personne ne ferait le rapprochement avec le clan Basadoni. Furieuse mais admirative, Sharlot dévisagea son compagnon. Qui avait si bien su couvrir tous les aspects de l’affaire avant de s’emparer de l’épée tant convoitée. Au fait de la nature des relations entre Tephanis, Ray et Kim, Sharlot ne nourrissait aucun doute : le tueur avait guidé la main de Bregan vers Dallabad afin de s’approprier le Griffe de Charon.
-Vous savez tisser des toiles complexes.
-Voilà ce qui arrive quand on fréquente trop les démons…, plaisanta Tephanis.
-Mais vous êtes sur le fil du rasoir. Beaucoup de clans, mieux informés, ont déjà fait le lien de la chute de Dallabad et la maison Basadoni. Et voilà que vous vous pavanez ouvertement avec la Griffe de Charon à votre ceinturon…Les rumeurs restent plausibles, bien sûr, mais votre arrogance n’arrange rien.
Tephanis feignit de s’en soucier.
-Qu’en pensent les pachas Daclan et Roning ?
-Prudent, Daclan s’abstient de toute réaction intempestive. Le tueur réprima un sourire en voyant Sharlot si bien mordre à l’hameçon. Mais la situation est loin de lui plaire…A commencer par ce qu’implique l’attaque de Dallabad.
-Tous les observateurs déduiront la même chose. A moins que Jarlax s’enhardisse trop avec la gravité mélodramatique, davantage pour évaluer les réactions de Sharlot que pour lui livrer indirectement une information.
Il remarqua que la lèvre inférieure de l’intrigante tremblait légèrement. De la frustration ? De la peur ? Du dégoût ? Tephanis le savait, Ray et Kim n’étaient pas heureux avec Jarlax. Ils devaient penser que l’influence pernicieuse de Shinibon entraînerait tôt ou tard de sérieux problèmes. Ils avaient envoyé Tephanis éliminer Orok pour saboter les projets de Jarlax à la surface du monde. Mais dans ce cas, pourquoi Sharlot Vespyr était-elle encore en vie ? Se serait-elle alliée avec les deux usurpateurs en puissance du trône de Bregan ?
-Ce qui est fait est fait, rappela le tueur. En effet, je convoitais la Griffe de Charon, quel guerrier ne rêverait de la posséder ? Mais avec Indis Fantur qui raconte à qui veut l’entendre que Kohrez venait de refuser l’offre d’achat somptueuse, et avec Dania Soulin qui ne fait pas mystère de son mépris pour les choix de son père, tout conspire à notre avantage. Jarlax avait besoin d’un sanctuaire où construire la tour, et nous venons de lui en fournir un. Maintenant, Bregan dispose d’un observatoire hors de la ville pour tenir à l’œil toute menace survenant hors de notre juridiction. Bref, dans l’histoire, tout le monde est gagnant.
-Et Tephanis à l’épée.
-Tout le monde gagne ! Répéta l’assassin.
-Jusqu’à ce que nous allions trop vite et trop loin, faisant l’unanimité contre nous.
-Jarlax vit depuis des suècles sur le fil du rasoir. Il n’a toujours pas basculé dans le vide.
Sharlot allait répondre, mais elle se ravisa au dernier moment. Peine perdue. Dans le feu de la conversation, ce qu’elle avait été sur le point de laisser échapper, il le savait déjà : pendant les siècles en questions, Jarlax n’avait jamais détenu Shinibon. En d’autres termes, il n’avait jamais été possédé par le morceau de cristal.
-N’en soufflez pas un mot à Ray et à Kim, recommanda-t-il. Les êtres effrayés, même des démons, peuvent commettre de grossières erreurs. Vous et moi nous contenterons d’observer la suite de loin. Si les choses empiraient et aboutissaient à une guerre interne, nous pourrions peut-être en réchapper.
Hochant la tête, Sharlot comprit que Tephanis souhaitait demeurer seul. Elle se leva, hocha de nouveau la tête et prit congé. Tephanis ne fut pas dupe une seconde de ce docile hochement de tête. Selon toute probabilité, elle courrait répéter la conversation à Kim et à Ray, en se donnant le beau rôle. Mais n’était-ce pas là le but de cette conversation ? Il venait de lui forcer la main en l’amenant à montrer où allait vraiment sa loyauté. Sa promesse, qu’elle et lui pouvaient encore s’en tirer, avait dû sonner creux à ses oreilles. Elle savait pertinemment qu’un tueur solitaire comme Tephanis n’irait jamais s’encombrer d’intrigante. Aussi sûrement qu’il s’était débarrassé de précédents partenaires, de Tal à Rass le rat-garou, il lui planterait un couteau dans le dos à la première occasion. Sharlot le savait. Et il savait qu’elle savait. Cela étant, Sharlot, Ray et Kim ne se trompaient peut-être pas en estimant que Shinibon exerçait une influence néfaste sur Jarlax, l’entrainant dans une situation désastreuse pour Bregan. Le mercenaire risquait de voir tous ses beaux projets s’écrouler. Cela, Tephanis s’en fichait, naturellement. Le repli des démons en Abime serait-il une mauvaise chose ? Mais ses rapports avec les démons lui importaient beaucoup plus. Xénophobe, Ray et Kim haïssaient Tephanis Aukrion, comme ils exécraient quiconque n’était pas de leur espèce. En outre, le talent et l’instinct de survie exacerbé du tueur les inquiétaient profondément. Ils se sentaient menacés. Sans la protection de Jarlax, Tephanis savait quel sort ces deux là lui auraient vite réservé. Si avoir la Griffe de Charon, le fléau des magiciens, le rassurait quelque peu, ça ne suffirait pas contre un magicien et un psionique démon. Si les deux acolytes finissaient à la tête de Bregan, avec une bonne centaine de guerrier sous leurs ordres…Tephanis n’aimait pas ça du tout. Sans l’ombre d’un doute, la chute de Jarlax précéderait de peu la sienne. |
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Mer 26 Aoû - 11:58 | |
| Très agité, Kim remontait les tunnels de Dallabad. Après tout, il s’agissait d’un flagelleur, un être imprévisible et redoutable. Pourtant, Kim venait seul, à l’insu de Ray. Il était certaines choses que seuls des psioniques pouvaient comprendre et apprécier. Au détour d’un tunnel, il trouva la créature hypercéphale installé sur une dalle, au fond d’une niche. Les yeux fermés, Harask était parfaitement éveillé. Kim captait l’énergie qui émanait de lui.
-J’ai bien fait de m’allier à Bregan, dirait-on…D’ailleurs, je n’en ai jamais douté.
-Les démons sont supérieurs aux humains, répondit Kim en utilisant le lien télépathique du flagelleur.
-Supérieur à ceux-là, rectifia Harask.
Le psionique s’inclina. Mais son vis-à-vis n’en avait pas fini sur la question.
-Supérieur à Kohrez Soulin, en tout cas…, poursuivit le flagelleur. Son obsession pour un artefact particulier l’handicapait beaucoup.
Kim en déduisit énormément de choses, notamment sur les liens logiques qui existaient entre le flagelleur et le pitoyable ramassis d’humains de l’oasis dallabad. Après tout, pourquoi un flagelleur aurait-il été perdre son temps avec des êtres si inférieurs ?
-Vous étiez chargé d’observer l’épée et le gantelet.
-Nous souhaitons mieux appréhender ce qui peut parfois enrayer nos attaques, admit Harask. Les deux artefacts ont leurs limites. Kohrez Soulin les surestimait beaucoup. Sinon, votre assaut n’aurait jamais abouti.
-Nous l’avions compris.
-Mon temps avec Kohrez Soulin touchait à sa fin.
Autrement dit, le flagelleur, qui comptait parmi les créatures les plus méticuleuses, estimait avoir percé à jour tous les secrets de la Griffe de Charon et du gantelet.
-L’humain Tephanis Aukrion a pris l’épée et le gant, ajouta le psionique.
-C’était son intention. Il vous craint, et à juste titre. Votre volonté est d’acier, Kim de la maison d’Oblod.
De nouveau, le démon s’inclina.
-Respectez la Griffe de Charon, et davantage encore le gantelet que l’humain porte maintenant. Grâce à ces artefacts, il peut retourner vos pouvoirs contre vous, si vous pécher par imprudence.
Kim assura au flagelleur que Tephanis Aukrion et ses nouvelles armes seraient tenus à l’œil.
-Vous ne surveillez plus ce double artefact ? demanda-t-il.
-Peut-être, éluda Harask.
-Ou peut-être que Bregan pourrait trouver une place plus approprié à vos talent…
En persuader Jarlax ne serait pas difficile, estima Kim. En Abime, les démons s’associaient souvent aux flagelleurs. Mais l’hésitation d’Harask n’échappa pas au sagace Kim.
-Vous avez une meilleure offre ? Demanda-t-il à voix haute.
-Mieux vaudrait que j’échappe encore à l’attention de Bregan, vous excepté.
D’abord perplexe, Kim crut qu’il faisait allusion à l’alliance des démons avec Tephanis et les Griffe de Charon, au cas où un conflit éclaterait entre le tueur et le flagelleur. Mais avant qu’il puisse le rassurer, Harask transmit la vision d’une tour de cristal étincelant au soleil, dans la palmeraie de l’oasis Dallabad.
-Ces tours ? Demanda Kim à voix haute. Ce ne sont que des manifestations de Shinibon !
-Shinibon ! Répéta le flagelleur, tout excité.
-C’est un artefact, expliqua le démon, revenant à la télépathie. Un nouveau fleuron de la collection de Jarlax…
-Nullement ! Bien davantage, j’en ai peur. Et vous seriez avisé de le redouter aussi.
Kim plissa ses yeux rougeoyants et se concentra sur les pensées du flagelleur. Les craintes qu’il partageait avec Ray allaient-elle lui être confirmées ?
-Je ne peux pas m’introduire dans les pensées de Jarlax, ajouta Harask. Il porte une protection.
-Le bandeau sur l’œil…Ca le protège des magiciens, des prêtres et des psioniques.
-Mais ce simple artefact ne résistera pas aux menées insidieuses de Shinibon.
-Comment le connaissez-vous ?
-L’antique Shinibon qui a souvent croisé notre destin n’a rien de mystérieus pour mon peuple. D’ailleurs, le morceau de cristal nous méprise, nous qui restons hors d’atteinte de son influence. Nous seuls, dans notre grandeur, possédons la discipline mentale nécessaire pour résister à ses prétentions autocratiques. Vous aussi, Kim, pourriez aisément échapper à son emprise.
Le démon réfléchit un long moment aux implications que pouvait avoir cette affirmation. Il vint vite à la conclusion que seuls les psioniques restaient inaccessibles au morceau de cristal puisque le bandeau de Jarlax agissait sur la sorcellerie et pas sur le champ mental.
-Shinibon fonde ses attaques sur l’ego, explique le flagelleur. Il asservit ses victimes en leur promettant monts et merveilles.
-Voilà qui me rappelle notre tactique, commenta Kim en repensant à Orok.
Harask lâcha un gargouillis symptomatique de son amusement.
-Plus celui qui le manie est ambitieux, plus il sera manipulable.
-Mais si l’ambitieux en question est aussi d’une suprême prudence ? Demanda Kim.
A sa connaissance, jamais Jarlax n’avait laissé son ambition l’aveugler ; jusqu’à présent. Ray et d’autres étaient arrivés à remettre en question la sagesse des récentes décisions de leur chef.
-Des inférieurs peuvent résister à la tentation, admit le flagelleur.
D’évidence, il considérait quiconque n’était pas un flagelleur, ou à tout le moins un psionique, comme inférieur.
-Shinibon a peu d’emprise sur les paladins, les prêtres du bien, les nobles chefs et les braves travailleurs…Mais quand on ne se satisfait pas de son sort, quand on aspire à plus, qui y échappe ? Même chez les Démons ? On finit inévitablement par succomber à l’appel de Shinibon. Surtout quand on ne répugne pas à la duplicité et à la destruction pour parvenir à ses fins.
Logiques. Voilà pourquoi Den et ses amis héroïques avaient pu se protéger du maléfice. Ca éclairait aussi d’un jour nouveau le comportement atypique de Jarlax, confirmant les soupçons de Kim. Bregan courait à la catastrophe.
-En temps ordinaire, reprit le flagelleur après un petit silence, une fois que Kim eut digéré l’information, je ne déclinerais pas une proposition émanant de Bregan. Comment refuser de s’amuser tout en étendant ses connaissances et en multipliant ses profits ? Mais, je le crains, Bregan tombera bientôt sous la coupe de Shinibon.
-Et si ça arrivait, et que le morceau de cristal nous entraîne dans la même direction ambitieuse, qu’aurait à craindre Harask ?
Kim, hélas, connaissait déjà la réponse.
-Les démons ne m’inspirent pas confiance, admit le flagelleur. Mais je comprends assez vos désirs et vos méthodes pour admettre que nous ne devons pas nous comporter en ennemis. Je n’ai ni foi en vous, ni peur de vous, car mon élimination ne vous rapporterais rien, au contraire. Vous me savez en phase avec mon peuple, et vous vous doutez que me tuer vous attirerait de redoutables ennemis.
Kim s’inclina, au propre comme au figuré.
-Néanmoins, continua Harask, les actes de Shinibon n’obéissent pas à la même logique. Ce fléau lâché sur le monde contrôle tout ce qu’il peut et consume ce qui échappe à sa domination. Les démons adorent autant qu’ils craignent cet enfant terrible du chaos…Votre déesse en tomberait aussi amoureuse, si une telle chose était possible. Sauf que Shinibon, au contraire de ses agents démons, ne s’incline devant personne. Il n’a d’autres visés que le plaisir de dévoré ses victimes. Certes, il apportera à Bregan une puissance inégalée. Il n’est qu’à voir le nombre de nouveaux esclaves qui sont déjà à votre disposition…Dont la fille de l’homme que vous avez vaincu sur son propre territoire. Mais en définitive, Shinibon vous abandonnera en vous livrant à des hordes d’ennemis. C’est toute l’histoire du morceau de cristal, qui se répète inlassablement au fil des siècles. Sa faim dévorante étrangère à toute discipline ne peut rien apporter de bon. Elle conduit inexorablement à l’indigestion et à la mort.
Kim ne put réprimer un frisson. Ce sombre tableau correspondait trop à ce qui se passait.
-Une faim dévorante…, insista le flagelleur. L’artefact contrôle tout ce qu’il peut et consume ce qui échappe à sa domination…
-Et vous êtes de ceux qu’il ne peut pas dominer…
-Tout comme vous…Forteresse de volonté indomptable et esprit impénétrable !
Il s’agissait de deux modes de défense mentale. En s’affrontant, les psioniques y recouraient souvent. Kim grogna, comprenant que le flagelleur était en train de lui tendre un piège. Craignant de toute évidence que les démons le trahissent auprès de Jarlax et du morceau de cristal, Harask le contraignait à une alliance dictée par la nécessité. Bien sûr, le démon connaissait ces boucliers mentaux. Et si Shinibon cherchait maintenant à le soumettre inévitablement, Kim les lèverait, sachant que ces deux défenses interdisaient les intrusions psychiques. Car, comme pout tout psionique ou tout être pensant, les sens de l’identité et l’ego de Kim se révoltaient face à une tentative de possession. Le démon étudia longuement le flagelleur. S’il le détestait, il comprenait néanmoins ses craintes vis-à-vis de Shinibon. Ou peut-être se rendait-il compte que Harask venait de lui offrir les clés du salut. Tôt ou tard, Shinibon chercherait à le dominer aussi, sinon à le détruire. Et si Kim tenait la bonne façon de le combattre, il devenait un ennemi à éliminer, puisque, contrairement à Shinibon, il comprenait désormais la situation.
-Vous nous protégerez en secret ? Demanda-t-il au flagelleur, espérant que sa réponse serait affirmative.
D’une onde mentale ambiguë, le flagelleur lui répondit qu’il surveillerait en effet le morceau de cristal. Par nécessité, ils étaient donc alliés. |
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Mer 26 Aoû - 12:09 | |
| -Je ne l’aime pas ! Lança Aelynda Winter de sa vois aiguë.
Elle venait de remplacer Sharlot à la table de Tephanis.
-C’est sa taille ou sa beauté qui vous offense ? Demanda le tueur d’un ton sarcastique.
La jeune fille lui jeta un regard incrédule.
-Sa malhonnêteté.
Tephanis leva un sourcil. A Portocal, qui n’était pas un manipulateur ? A commencer par eux deux ? S’il avait fallu détester tous les malhonnêtes, il ne serait pas resté grand monde. Interceptant une serveuse, la fillette préleva une chope au passage.
-Il y a une différence…
-On en revient donc à ce problème de taille et de beauté…, sourit Tephanis.
Il badinait souvent avec Aelynda Winter. Et ça lui plaisait. De sa vie, il avait rarement pu bavarder ainsi, d’un cœur léger. Mais il se surprenait à se détendre tellement en sa compagnie qu’il avait envisagé de solliciter un magicien pour déterminer si elle n’usait pas sur lui d’un charme magique. Sur une impulsion, il ferma son poing ganté et se concentra pour détecter une manifestation de magie chez sa compagne. Rien. Rien qu’une honnête amitié. En soi, quelque chose de plus extraordinaire, aux yeux de Tephanis, que n’importe quelle magie.
-Les humaines me rendent souvent jalouse, dit Aelynda d’un ton sarcastique, entrant dans son jeu. Après tout, elles sont assez grandes pour attirer des ogres…
Se surprenant lui-même, Tephanis gloussa. Cela ne lui arrivait pas souvent.
-Il y a une différence entre Sharlot et bien d’autres, vous compris, continua la fillette. Nous suivons tous les mêmes règles au grand jeu de la survie, en complotant, en abusant notre prochain, en maquillant al vérité et en usant du mensonge…Qui veut la fin veut les moyens, pas vrai ? Mais pour certains, à commencer par Sharlot, la fin n’est pas limpide. Je vous comprends. Je connais vos désirs et je sais que je les entraverais à mes risques et périls. Mais tant que je ne vous gêne pas, je ne me retrouverai jamais du mauvais côté de vos lames. Enfin, j’ose l’espérer…
-Don le croyait aussi.
Don Winter, le cousin d’Aelynda et le plus proche ami du teur, jadis. Peu après son ultime duel contre Den, Tephanis avait assassiné le pathétique Don.
-Votre réaction ne l’a pas surpris, vous savez…, dit Aelynda. Si les rôles avaient été inversés, lui non plus n’aurait pas hésité à vous tuer. Au nom de l’amitié…Vous lui avez fait une faveur.
Guère convaincu, Tephanis haussa les épaules. Au fond, qu’est-ce qui l’avait poussé à abattre le petit homme ? Le désir de le libérer de ses chaînes atroces qui le retrenait prisonnier dans une pièce, de l’affranchir de sa gloutonnerie forcenée ? Ou parce qu’il ne supportait tout simplement plus la vue de la créature pitoyable qu’il était devenu ? Un accès de colère ?
-Quand à Sharlot, ses vrais buts et ses motivations restent incompréhensibles, continua Aelynda. Comme beaucoup d’autres, elle cherche le pouvoir. Mais comment deviner où elle croit le trouver ? Comment anticiper ses tentatives ? Voilà le problème…Quand on est d’un caractère égal et relativement prévisible, c’est déjà difficile. Et Sharlot ignore le sens du mot loyauté. Elle s’arrogera toujours la part du lion en piétinant les autres.
Tephanis n’en disconvenait pas. A l’instar de sa compagne, il se méfiait de Sharlot Vespyr qu’il n’appréciait nullement. Cette intrigante foulerait toujours aux pieds les scrupules ou les codes.
-Elle dépasse continuellement les bornes, renchérit Aelynda. Celles qui font commerce de leurs charmes pour obtenir ce qu’elles veulent ne m’ont jamais attendrie. Moi aussi, je ne manque pas d’atttraits. Eh bien, de ma vie, je ne me suis jamais avilie à ce point !
Son ton léger fit sourire Tephanis. Elle plaisantait à moitié. En vérité, Aelynda Winter était plutôt attirante, coquette, bien de sa personne, observatrice et vive d’esprit.
-Comment ça se passe avec votre nouvelle compagne ? Demanda Aelynda.
Tephanis haussa un sourcil. Elle avait le chic pour passer du coq à l’âne.
-Je parlais de l’épée, bien sûr. Vous l’avez. Ou devrais-je dire elle vous a ?
-Je l’ai, souligna le tueur, une main aussitôt posée sur la garde en os de la Griffe.
Aelynda le dévisagea, soupçonneuse.
-Je ne lui ai pas encore imposé ma volonté, admit Tephanis, s’étonnant lui-même de tant de franchise. Mais elle ne m’inspire pas de crainte particulière.
-Pas plus que Shinibon pour Jarlax ?
De nouveau, le tueur leva un sourcil.
-Il a construit une tour de cristal ! argua la jeune fille. Réalisant ainsi les désirs du morceau de cristal, à en croire les vieux sages.
Tephanis allait lui demander comment elle pouvait en savoir aussi long, sur Shinibon comme sur la tour de Dallabad, quand il y renonça. Quelle question ! L’omniscience d’Aelynda faisait partie de ses charmes. Quoi qu’il en soit, il avait lâché assez d’allusions, au fil de leurs conversations, pour que la fillette reconstitue le puzzle. Sans compter ses innombrables sources. Si elle apprenait que Jarlax détenait un artefact du nom de Shinibon, elle irait interroger les sages à ce sujet et saurait vite tout ce qu’on en connaissait.
-Il croit le contrôler.
-Ne sous-estimez pas Jarlax, répondit Tephanis. Ceux qui ont commis cette erreur l’ont payé de leur vie.
-Ne sous-estimez pas le morceau de cristal, répondit Aelynda du tac au tac. Ceux qui ont commis cette erreur l’ont payé de leur vie.
-Une merveilleuse combinaison, dans ce cas, rétorqua Tephanis d’un ton neutre. Il posa son menton dans le creux de sa main, caressa la peau douce de sa joue et glissa ses doigts dans une petite touffe de poils qui lui restait sur le menton, réfléchissant à ce qu’il venait d’être dit aux implications. Jarlax peut le dominer, finit-il par ajouter.
La fillette haussa les épaules d’un air évasif.
-Mieux, ajouta le tueur, si Shinibon est à la hauteur, le démon se réjouira de ce partenariat. C’est toute la différence entre lui et moi, expliqua-t-il, et bien qu’il se soit adressé à Aelynda, il tentait par la même occasion de faire le tri dans ses sentiments à propos de ce problème complexe. Il permettra au morceau de cristal d’être son partenaire, au besoin, et se débrouillera pour que leurs objectifs se rejoignent.
-Mais Tephanis Aukrion n’a pas de partenaires.
Les yeux baissés sur l’épée qui battait maintenant son flanc, une arme magique doué de sensations et de puissantes facultés de persuasion qu’il se proposait de dominer, il pesa ses mots avec soin.
-Non, reconnut-il. Je n’ai pas de partenaires et je n’en veux pas. La griffe me servira. Rien de moins.
-Ou ?
-Ou elle se retrouvera au fond de la gorge d’un dragon ! Grogna Tephanis d’un ton qui dissuada Aelynda de poursuivre sur ce sujet.
-Alors…qui est le plus fort ? Osa lancer la jeune fille. Jarlax le partenaire ou Tephanis le solitaire ?
-Moi ! Répondit le tueur sans la moindre hésitation. Jarlax pourrait donner l’impression de l’être pour le moment, mais inévitablement, un de ses associés finira par le trahir et l’entrainera à sa perte.
-Vous n’avez jamais pu encaisser l’idée d’obéir ! S’esclaffa Aelynda. Voilà pourquoi le monde comme il va vous insupporte tant !
-Pour obéir aux ordres, encore faut-il avoir confiance en celui qui les donne…
Loin de paraître s’offusquer ou s’agacer du tour que prenait la conversation, il faisait montre d’une totale sérénité. Preuve, s’il en était, du pouvoir de séduction de son interlocutrice.
-Voilà pourquoi, ma chère petite Aelynda, le monde comme il va m’insupporte tant ! Dès ma plus tendre enfance, j’ai appris à ne compter sur personne. L’oublier revient à se rendre vulnérable…S’en remettre aux autres, c’est de la faiblesse.
Ce fut au tour d’Aelynda de s’enfoncer dans son siège et de digérer ces confidences.
-Pourtant, à ce qu’il semble, vous en êtes venu à me faire confiance…Vous aurais-je rendu vulnérable, mon ami ?
Tephanis se fendit d’un sourire ambigu. La remarque l’amusait-il. Ou prévenait-il la fillette de ne pas pousser plus avant ? Il se leva et s’étira.
-Peut-être que je vous connais assez pour ne nourrir aucune inquiétude à ce sujet…Ou vous n’avez pas encore eu la stupidité de prétendre me donner un ordre…
Aelynda fit un sourire sincère. Au fond des prunelles du tueur dansait une lueur amicale. A ses yeux, ces conversations, plus ou moins à cœur ouvert, étaient peut-être une manifestation de faiblesse. Mais qu’il l’admette ou pas, il faisait confiance à Aelynda, davantage même, que n’importe qui au monde. Pour que les cicatrices du tueur soient si profondes, la fillette était d’avis qu’il avait jadis été trahi ou blessé par un proche. Un parent, ou un ami intime. Aelynda donna à Tephanis un petit paquet qui contenait un magnifique masque vénitien. Ce dernier avait la capacité de brouiller l’énergie de la personne qui l’enfilait, de façon à ce qu’on ne puisse lire sa puissance. Tephanis le rangea soigneusement dans son sac en cuir. Avec l’équilibre inné et la grâce d’un danseur consommé, Tephanis Aukrion gagne la sortie, s’attirant beaucoup de regard. Tout le monde avait intérêt à garder l’œil sur un tueur de cette classe. Aelynda, elle, avait cerné la nature de son étrange relation avec lui peu après la mort de son couin Don. Si elle le mettait en colère, elle le paierait sas doute de sa vie. Au moins, elle connaissait les limites à ne pas franchir. Cette nuit-là, en regardant son ami quitter le Cuivre Ante, elle put sourire avec assurance. |
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KaitoTerrien
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| Sujet: Re: L'Ombre de la Mort Mer 26 Aoû - 12:14 | |
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